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en mocassins

sur les rives. Le monstre, par bonheur, s’aventure un jour trop près de la chute : le dieu le foudroie et laisse son corps, enflé comme une montagne, flotter sur le lac.

Le Bicéphale — Un village tsonnontouan fume, coquettement perché sur une colline. Un serpent à deux têtes, sorti d’un lac voisin, le fait prisonnier dans ses anneaux et l’empoisonne de son haleine. En vain les vieillards épuisent leur sagesse, les guerriers leur bravoure et les sorciers leurs incantations : les deux gueules toujours béantes continuent de vomir la mort. Enfin la tribu compte à peine de rares survivants, parmi lesquels un garçonnet. Ce dernier sort, un beau matin, quitte, souriant, sa cabane, et s’avance vers le fléau auquel il décoche une flèche enchantée. Le monstre, frappé au cœur, se déroule, fauche la forêt avec sa queue, s’enfonce dans le lac, son abîme natal. L’eau souillée d’écume et de sang, fume et bouillonne pendant plusieurs jours. Enfin l’élément troublé retrouve son calme ; de nouveau les vagues transparentes s’y poursuivent en cadence : le monstre est mort.

Le fléau des Géants — Des Géants de pierre, dit sans scrupule la tradition, viennent de l’Ouest ; les hautes forêts ne leur vont qu’aux genoux et ils exercent leurs ravages pendant la nuit. Hinoun tonnant, le dieu du vent d’ouest et Taronhiawagon, celui qui supporte le ciel, s’entendent pour