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Page:Guindon - En Mocassins, 1920.djvu/69

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en mocassins

Ce fin sauvage rencontra plusieurs fois des partis d’Iroquois et leur échappa après en avoir tué la moitié.[1] Aussi les Confédérés le redoutaient-ils autant qu’une armée. Mais la vigilance de l’Algonquin finit toujours par s’endormir, surtout après un succès, et l’insaisissable Piescaret périt, assommé par un traître Iroquois, qu’il laissait imprudemment porter ses armes et marcher derrière lui par respect.

Observateurs sagaces jusqu’aux limites de l’incroyable, les Algonquins gardent dans leur imagination, la topographie complète des lieux qu’ils ont vus, et les remarques précises qui leur permettent de retrouver dans la forêt la plus monotone, la plus inextricable, un chemin déjà parcouru.

Leurs sens parfaits les avertissent d’une foule de particularités ou de nuances qui, pour des civilisés, passent inaperçues. Cela explique comment, sans boussole et à travers les brumes, ils naviguent jusque sur la mer avec une étonnante sûreté de direction. « Les habitants de l’Acadie et des environs du golfe Saint-Laurent, dit Charlevoix, se sont souvent embarqués dans leurs canots d’écorce, pour passer à la terre du Labrador et chercher les Eskimaux avec qui ils étaient en guerre. Ils faisaient trente, quarante lieues, en pleine mer, sans boussole, et allaient

  1. Voir Charlevoix : « Hist. de la N. Fr. », tom, I, p. 277.