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Page:Guindon - En Mocassins, 1920.djvu/86

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les algonquins

visible des manitous et des sorciers. Cependant, leur tendance à dissimuler rend difficile l’étude de leurs traditions mythologiques d’ailleurs vagues et mobiles. Cette dissimulation s’accentue au contact avec les Visages-Pâles qui ne cachent pas leur mépris pour les fables et les superstitions. Ceux de l’Ouest cessent complètement d’accomplir sous le vu des étrangers, leurs cérémonies de Michillimakinac en l’honneur des génies protecteurs de la pêche, parce que les Français se sont moqués d’eux.[1]

Aux railleries des coureurs de bois s’ajoute le dédain des voyageurs instruits. Le chevalier de Tonti fait dire à Cavelier de la Salle : « Je croirais me rendre plus ridicule qu’eux, si je voulais entrer dans le détail de leurs extravagances sur ce sujet (celui des croyances). »[2]

Les missionnaires non plus ne doivent pas encourager les sauvages à exposer les vaines croyances dont ils veulent les détacher. « On prétend, dit Charlevoix, que tous les Algonquins et les Abénaquis, pratiquaient autrefois une espèce de pyromancie… On ajoute que les Abénaquis, en se convertissant au christianisme, ne renoncèrent que bien difficilement à un usage qu’ils regardaient comme un moyen très innocent de connaître ce qui se

  1. De le Potherie : « Hist. de l’Amer. Sep. », t. II, p. 67-68.
  2. « Nouvelle Relation de l’Amer. Sep. », p. 12.