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Page:Guindon - En Mocassins, 1920.djvu/9

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les hurons-iroquois

un tel milieu, les peuples les plus doux s’y pensent obligés. Les Français en sont un exemple. Lorsqu’on leur a permis d’user de représailles avec les Iroquois, « ils l’ont fait avec tant de fureur et d’acharnement, qu’ils n’ont cédé en rien à ces barbares, si même ils ne les ont surpassés »[1].

Entre eux, les Iroquois, aussi bien que les Hurons, se montrent « d’une douceur et d’une affabilité incroyables chez des barbares ». Il n’y eut peut-être jamais « sous le soleil un peuple plus recommandable sous ce rapport ».[2]

Autant ils mettent de zèle à torturer leurs ennemis, autant ils en ont à s’assister mutuellement dans leurs besoins. Comme les Algonquins, ils partageraient avec un compagnon d’indigence leur dernière bouchée ; chacun d’eux donnerait sa vie pour défendre son camarade de choix.[3]

La Mère Marie de l’Incarnation écrit d’une jeune Iroquoise : « Elle tient de l’humeur des femmes de sa nation qui sont les créatures du monde les plus douces et les plus dociles. »[4]

Cette douceur explique comment plusieurs enfants volés aux Visages-Pâles, s’attachèrent tellement à leurs parents d’adoption, qu’ils refusèrent de les

  1. Lafitau : « Mœurs des Sauvages », tom. IV, p. 14.
  2. Relation de 1636.
  3. Lafitau : « Mœurs des Sauvages », tom. I, pp. 608, 609, 610.
  4. Lettre du 18 oct. 1667.