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Page:Guindon - En Mocassins, 1920.djvu/96

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les algonquins

tent de préférence ses volages descendants, bien qu’ils hantent aussi les sites pittoresques dont ils sont les génies.

Nains aussi, mais un peu plus grands que les Poukouaginins, une touchante piété filiale, les porte à danser, les mains jointes, à l’heure du crépuscule, en face de l’étoile du soir, séjour enchanteur de leurs aïeux.

Leurs bijoux de cabanes, visibles aux rayons de la lune, luisent au sommet des rochers où souvent le passant croit entendre leurs légers battements d’ailes et le tintinnement de leurs voix.[1]

Michabou, fils de Kabéoun et petit fils d’une femme tombée de la lune, homme et manitou, nécromancien, tueur de monstres et vainqueur de son père, est aussi le Noé algonquin, et sauve toutes les races animales du déluge causé par la colère du roi des serpents. Il les rassemble sur un radeau où il sème un grain de sable qu’un rat-musqué est allé chercher au fond des eaux. Alors intervient le pouvoir surnaturel du dieu, et la pierre se met à germer, la terre à pousser comme la mousse et les champignons. L’île flottante de bois s’en recouvre et s’en agrandit indéfiniment. Michabou décoche aux troncs flottants des arbres morts, des flèches qui se changent en rameaux verdoyants ; sa baguette ma-

  1. Voir Schoolcraft : « Algic Res. » Vol. II, p. 152.