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Page:Guitton - Le Rouge - La Princesse des airs - En ballon dirigeable, 1900.djvu/10

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en temps, son œil au trou de la serrure, ne pouvait, malgré ses louables efforts, attraper que des lambeaux de conversation. Il savait qu’Alban, que son père avait, autrefois, guéri, grâce à une opération d’une hardiesse merveilleuse, s’occupait alors, dans le plus grand secret, de la construction d’un aérostat, conçu suivant des données toutes nouvelles.

Ce fait expliquait bien au petit curieux la présence d’une foule d’épures qu’Alban avait étalées sur la grande table de porcelaine du cabinet, et dont il discutait les détails avec le docteur. Ce que l’enfant comprenait moins, c’étaient les feuilles de papier timbré, couvertes d’une grosse écriture, dont Alban faisait la lecture à demi-voix. À ce moment, le jeune indiscret sentit une main se poser sur son épaule. Il se retourna, honteux de sa curiosité ; il se trouvait face à face avec sa sœur Alberte, une belle et sérieuse jeune fille de seize ans, pour laquelle Ludovic, son cadet de trois années, éprouvait autant de respect que d’affection.

— Tu n’as pas honte, dit sévèrement Alberte, d’espionner ainsi notre père !… Ce que tu fais là est mal. Il s’agit peut-être d’affaires très sérieuses, que tu ne dois pas connaître.

Ludovic balbutia des excuses et supplia sa grande sœur de ne pas instruire son père de la faute dont il venait de se rendre coupable.

— Je ne dirai rien pour cette fois, fit-elle en