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Page:Guitton - Le Rouge - La princesse des airs - De roc en roc, 1900.djvu/36

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cadran et la sonnerie fonctionnaient bien ; puis il lança le courant qui devait transmettre sa pensée aux veilleurs des postes télégraphiques situés à des milliers de lieues de là, sur quelque sommet des Alpes ou des Karpates.

Cela fait, les bras croisés, il attendit que la sonnerie du timbre électrique l’avertît que son appel avait été entendu.

La moitié de l’après-midi se passa ainsi, dans l’angoisse de cette expectative.

Alban Molifer commençait à ressentir de cruels tiraillements d’estomac, et il se repentait amèrement de n’avoir pas, le matin, garni de quelques provisions, la nacelle de la montgolfière.

Pour tromper la faim, il se mit à mâcher des tiges d’herbe, et à sucer des lichens au goût visqueux et fade.

Mais on eût dit qu’en lui procurant une salivation abondante, en lui mettant, comme on dit, l’eau à la bouche, ces maigres aliments ne faisaient qu’augmenter son appétit.

Il finit par s’étendre de nouveau, avec résignation, sur la toile de l’enveloppe, non sans avoir remarqué, en jetant un coup d’œil sur l’appareil, que les deux tiers du fluide des accumulateurs étaient déjà dépensés.

Une heure d’angoisse mortelle s’écoula encore pour Alban.

Maintenant les accumulateurs devaient être à peu près vides.

Soudain, il bondit en poussant un cri de joie.