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VIE DE DAGOBERT Ier.

Pendant que ces choses se passaient, Dagobert, humblement prosterné aux pieds des martyrs, fut tout à coup saisi de sommeil. Comme il était ainsi couché, trois hommes, remarquables par la beauté de leur corps et la blancheur de leurs vêtemens, se présentent devant lui. Stupéfait, il les considérait avec attention. L’un d’eux qui, par son front chauve et son aspect vénérable, semblait surpasser en autorité ses compagnons, lui dit : « Sache, ô jeune homme, que nous sommes Denis, Rustique et Eleuthère, qui avons souffert le martyre pour le nom du Christ, comme tu l’as appris, et que nos corps sont ici déposés. La petitesse et la pauvreté de cette maison et du tombeau que tu vois ont obscurci notre renommée. Si tu promets que tu honoreras notre mémoire et orneras ce lieu, nous pouvons te délivrer des angoisses qui te pressent, et, avec l’aide de Dieu, te porter secours en toutes choses ; et, pour que tu ne te croies pas déçu par un vain songe, reçois une preuve que ceci est vérité : en enlevant la terre qui couvre nos cercueils déposés dans ce sépulcre, des lettres gravées sur chacun te feront voir ce qui est. » Dagobert éveillé vit en effet les noms qu’il avait entendus, et, grandement réjoui des discours des martyrs, il se lia par un vœu qu’il accomplit ensuite très-fidèlement.

Clotaire résolut, comme je l’ai dit, d’arracher lui-même son fils de l’asile des saints. Il s’approchait accompagné de beaucoup de gens. Mais, comme la puissance divine fait ce qui lui plaît sur les rois comme sur les autres hommes, lui qui avait reproché aux autres leur immobilité devint immobile à son tour, afin