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VIE DE DAGOBERT Ier.

qu’il comprît que, tout-puissant qu’il était, il devait céder à d’autres encore plus puissans. Les martyrs protégeaient le fugitif et écartaient ses ennemis de leur sanctuaire.

Clotaire, vaincu et stupéfait de ce prodigieux événement, se dépouille de son courroux, redevient pour son fils un vrai père, lui pardonne sa faute et lui promet toute sûreté. Ayant alors recouvré la liberté de marcher, il se rend à l’église des saints martyrs, et, avec d’humbles prières, adopte pour patrons ceux dont il venait d’éprouver si clairement le pouvoir. Pour témoigner la conviction qu’il avait de leurs mérites, il offrit en leur honneur beaucoup d’or et d’argent, et donna de nombreux et excellens domaines pour enrichir le lieu de leur tombeau.

La trente-neuvième année de son règne[1], Clotaire associa au royaume son fils Dagobert, et le fit roi des Austrasiens, retenant pour lui les pays situés en-deçà des Ardennes et des Vosges, vers la Neustrie et la Bourgogne.

La quarante-deuxième du règne de Clotaire[2], et d’après l’ordre de son père, Dagobert, suivi de ses ducs, vint avec une pompe royale à Clichy, près de Paris. Là, il reçut en mariage une sœur de la reine Sichilde nommée Gomatrude. Les noces célébrées, au troisième jour, il s’éleva entre Clotaire et son fils Dagobert une violente querelle. Dagobert demandait que tous les pays qui avaient appartenu au royaume des Austrasiens fussent remis en son pouvoir. Mais Clotaire s’y refusait avec force, ne lui en voulant rien

  1. En 622
  2. En 625