Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/290

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
282
VIE DE DAGOBERT Ier.

Clotaire. Lorsqu’il lui dit ce qui était arrivé et lui remit la peau et les cheveux abattus de la tête de son fils, le roi, saisi d’une vive douleur, se mit en marche au milieu de la nuit avec l’armée des Francs, et, au bruit des trompettes, passa le Rhin et arriva promptement au secours de son fils. Réunis et le cœur gai, ils se serrèrent joyeusement la main, et dressèrent leurs tentes sur les bords du fleuve du Weser. Le duc des Saxons, Bertoald, campé sur l’autre rive du fleuve, et prêt à marcher au combat, entendit un grand tumulte parmi les Francs, et demanda ce que c’était. On lui répondit : « Le seigneur roi Clotaire est arrivé, et c’est pourquoi les Francs se réjouissent. » Bertoald dit alors en éclatant de rire : « Dans votre terreur, vous mentez comme des fous. Nous avons appris la mort du roi Clotaire qui, à ce que vous dites, est avec vous. » Mais le roi Clotaire, se tenant sur la rive du fleuve, et portant sur la tête son casque dont les crins se mêlaient avec sa chevelure, l’ôta soudain à ces paroles, et parut la tête découverte. Bertoald reconnut alors que c’était le roi, et lui dit en se moquant : « Tu es donc ici, mauvaise rosse. » À ces mots le roi, grandement indigné et supportant impatiemment cette injure, entra brusquement dans le fleuve du Weser, le traversa sur son excellent cheval, et se mit à poursuivre Bertoald, car il était d’un cœur très-hardi. Les Francs suivirent leur roi, et, avec Dagobert, passèrent le fleuve à la nage, malgré la profondeur de ses gouffres. Le roi Clotaire, poursuivant Bertoald, combattait vaillamment avec lui. Bertoald lui dit : « Ô roi ! retire-toi de moi, de peur que je ne te tue. Si tu