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VIE DE DAGOBERT Ier.

parce qu’elle était stérile, et prit en mariage une jeune fille d’une admirable beauté, nommé Nantéchilde. Depuis le commencement de son règne jusqu’à cette époque, suivant les conseils, d’abord de saint Arnoul, évêque de Metz, et ensuite de Pépin, maire du palais, il gouverna si heureusement en Austrasie qu’il s’attirait les louanges de toutes les nations. Ses jugemens avaient inspiré un si profond respect que tous s’empressaient de se soumettre à son pouvoir. Les peuples qui habitent sur la frontière des Avares et des Esclavons, invoquèrent son appui, et les Avares et les Esclavons eux-mêmes, ainsi que les autres nations de païens jusqu’aux confins de la république romaine, promettaient de se donner à lui. Après la mort de saint Arnoul, dirigé encore par les avis de Pépin, le maire du palais, et de Chunibert, évêque de Cologne, le roi persista dans la justice ; son bonheur ne l’abandonna point ; et jusqu’au moment où, comme je l’ai dit, il arriva à Paris, il possédait si pleinement la faveur de tous ses sujets qu’aucun des rois Francs n’en avait jamais été tant admiré.

Il se rendit au sépulcre des bienheureux martyrs Denis, Rustique et Eleuthère, et pria le Seigneur de permettre qu’avec leur intervention, il accomplît ce qu’il avait commencé. Pour se concilier pleinement leur bienveillance, il donna à leur basilique, par des lettres-patentes, le domaine d’Estrepigny dans le Vexin.

Le roi Dagobert était un prince extrêmement adroit et d’un esprit rusé, doux envers ceux qui lui voulaient du bien et lui étaient fidèles, mais terrible envers les rebelles et les perfides ; tenant fermement le sceptre