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VIE DE DAGOBERT Ier.

La septième année de son règne[1], maître, comme nous l’avons dit, de presque tout le royaume de son père, le roi se rendit en Bourgogne, accompagné de beaucoup de grands. Son arrivée inspira une telle crainte, soit aux évêques et aux grands du royaume de Bourgogne, soit aux autres ducs, qu’il y fut pour tous un sujet d’admiration. Il causa une vive joie aux pauvres et à tous ceux qui demandaient justice. Venu dans la cité de Langres, il jugea avec tant d’équité tous ses sujets, tant les riches que les pauvres, qu’on ne douta point qu’il ne fût tout-à-fait agréable à Dieu. Aucune offre de présens, ni aucune acception de personne n’avaient lieu auprès de lui ; mais la justice seule le conduisait, car ce grand prince l’aimait uniquement. Ayant passé ensuite quelques jours à Dijon et à Saint-Jean-de-Losne, il mit tant de soin à rendre la justice à tout son peuple que, tout occupé de ce pieux dessein, il ne prenait ni aliment ni repos, attentif seulement à ce que nul ne s’éloignât de lui sans avoir obtenu justice. Prêt à partir de Saint-Jean-de-Losne pour Châlons, il se mit au bain avant qu’il fît jour, et donna l’ordre de tuer Brunulf, oncle de son frère Charibert, à cause de son infidélité. Cet ordre fut exécuté par les ducs Amalgaire et Arnebert, et le patrice Willebad.

Après s’être rendu à Châlons, pour y terminer tout ce qu’il avait entrepris par amour de la justice, il vint à Auxerre par Autun, et de là à Paris par Sens. S’étant arrêté dans sa maison de Reuilly, il abandonna, d’après le conseil des Francs, la reine Gomatrude,

  1. En 628 ; son règne date du moment où Clotaire II lui donna le royaume d’Austrasie.