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VIE DE DAGOBERT Ier.

mais les Goths le leur enlevèrent par force et ne souffrirent pas qu’ils l’emportassent. Les envoyés étant revenus, le roi reçut de Sisenand deux cent mille sous d’or pour prix de ce missoire. On dit que le roi Dagobert donna dévotement cet argent avec plusieurs autres ornemens pour la construction de l’église de saint Denis. Dans ce temps, il se passait en ce lieu, et par la faveur des martyrs, tant de miracles que les infirmes de toutes parts venaient le visiter avec piété, recouvraient la santé et s’en retournaient pleins de joie dans leur pays. Ce que voyant, le roi offrait incessamment, pour orner cette église, ce qu’il trouvait de plus précieux dans ses trésors. Il y fit construire un hôpital et un hospice pour les pèlerins, et d’autres établissemens, afin que les pauvres des deux sexes ou ceux que les saints avaient jugés dignes de recouvrer la santé, soutenus pendant le reste de leur vie par les aumônes de l’église, pussent, s’ils le voulaient, et en témoignage d’actions de grâces, se vouer à son service.

La dixième année de son règne[1], ayant appris que les Wénèdes étaient entrés dans la Thuringe, le roi levant aussitôt en Austrasie une armée, et partant de la ville de Metz, traversa les Ardennes et arriva à Mayence. Il se disposait à passer le Rhin, ayant avec lui une troupe de guerriers d’élite, Neustriens et Bourguignons, avec beaucoup de ducs et de comtes, lorsque les Saxons lui envoyèrent des députés pour le prier de leur remettre les tributs qu’ils payaient au fisc. Ils promettaient de résister avec leurs propres forces aux Wénèdes et de garder de ce côté la frontière des Francs.

  1. En 631.