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VIE DE PEPIN-LE-VIEUX.

du royaume de son père, mais, après la mort de celui-ci, il parvint à régner sur tous ses États qui étaient fort étendus. Son frère Charibert et plusieurs autres princes s’opposèrent à lui avec de grands efforts, chacun combattant pour faire tomber sur lui-même la puissance royale. Mais leur faction fut bientôt vaincue par les salutaires conseils du très-habile duc[1]. Dagobert donc, bientôt affermi sur le trône, s’attacha étroitement tous ses sujets par sa libéralité, sa justice, sa douceur, et toutes les autres vertus qui conviennent à un roi. En sorte qu’il surpassa en noble renommée tous les rois ses prédécesseurs, et que tous le célébrèrent avec des louanges infinies. Il marcha dans cette royale voie, dans cette vertueuse direction, aussi long-temps qu’il conserva les saines doctrines de son très-sage précepteur, et ne s’entoura pas de ministres choisis selon ses passions. Heureux si, selon l’avis du sage, entre ses mille fidèles, il n’eut pris qu’un seul conseiller ! Mais, à l’exemple de Salomon, il laissa enfin corrompre son cœur par les femmes ; et, comme une grande abondance et une liberté sans bornes inclinent d’ordinaire la nature humaine à consentir au péché, parvenu à l’affluence des richesses, et toutes choses lui tournant favorablement, le roi se détourna du bien et de l’honnête vers le mal, et ferma l’oreille aux avis salutaires. Il commença à s’enflammer d’avarice aussi bien que de luxure, et outre ses concubines, dont le nombre était fort considérable, il abusa, contre la loi canonique et la décence royale, des embrassemens de trois épouses. De quoi Pépin, ému de douleur, le répri-

  1. En 626