Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/100

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au devant de lui son clergé qui le conduisit jusqu’à la ville en chantant des psaumes. On rapportait en ce temps que Waroch ayant voulu fuir avec des navires chargés d’or et d’argent et de ses autres effets, lorsqu’il eut pris le large, le vent s’éleva, ses navires furent submergés, et il perdit tout ce qu’il y avait mis. Cependant, il vint trouver Ébrachaire, lui demanda la paix, lui donna des ôtages et beaucoup de présens, et promit à l’avenir de ne rien faire contre les intérêts du roi Gontran.

Lorsqu’il fut parti, l’évêque Régal, son clergé et le peuple de sa cité prêtèrent le même serment, dirent : « Nous ne sommes pas coupables envers nos seigneurs les rois, et nous ne leur avons pas résisté avec orgueil, mais nous sommes retenus en captivité par les bretons et accablés d’un joug pesant. » La paix ayant été conclue entre Waroch et Ébrachaire, Waroch dit : « Allez-vous-en maintenant et retournez dans votre pays, car j’aurai soin d’accomplir de moi-même tout ce qu’ordonnera le roi, et afin que vous donniez à mes paroles une entière créance, je vous remettrai mon neveu en ôtage. » Il le fit ainsi et la guerre cessa. Il y avait eu une grande multitude d’hommes tués, tant de l’armée royale que de celle des bretons.

Comme l’armée sortait de Bretagne, les plus forts passèrent le fleuve, les faibles et les pauvres qui étaient avec eux ne purent le passer en même temps. Tandis qu’ils demeuraient sur le bord de la Vilaine, Waroch, oubliant ses sermons et l’otage qu’il avait donné, envoya Conan son fils avec une armée, et celui-ci ayant pris les hommes qu’il trouva sur le ri-