Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/125

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de la communion, et l’abbesse rétablie dans le monastère. Alors elles s’adressèrent au roi Childebert, ajoutant faute sur faute, et nommant au roi les personnes qui non seulement commettaient l’adultère avec l’abbesse, mais encore portaient chaque jour des messages à son ennemie Frédégonde. Le roi, ayant entendu ces accusations, envoya des gens qui lui amenèrent enchaînés ceux qu’elles inculpaient ; mais ayant été jugés, on ne les trouva coupables d’aucun crime, et ils furent renvoyés.

Avant tout cela, le roi entrant dans l’oratoire de sa maison de Marlheim, ses serviteurs virent de loin un homme inconnu qui se tenait debout, et lui dirent : « Qui es-tu ? d’où viens-tu ? que fais-tu ici ? nous ne te connaissons pas. » Et comme il leur répondit : « Je suis un de vous, » ils le jetèrent aussitôt hors de l’oratoire, et il fut interrogé. Il avoua, sans tarder, que la reine Frédégonde l’avait envoyé pour tuer le roi, et dit : « Elle nous a envoyés douze ; six sont venus ici, et six sont demeurés à Soissons, pour surprendre le fils du roi ; et, comme j’attendais l’occasion de frapper le roi Childebert dans cet oratoire, j’ai été saisi de frayeur, et ne me suis point déterminé à ce que j’avais projeté. » Lorsqu’il eut ainsi parlé, on le livra à de cruels tourmens, et il nomma plusieurs de ses associés, qu’on alla rechercher en divers lieux. Les uns furent condamnés à la prison, d’autres eurent les mains amputées ; plusieurs, le nez et les oreilles coupés, furent livrés à la risée publique. Plusieurs de ceux qui avaient été pris, craignant le genre de supplice auquel ils pouvaient être condamnés, se percèrent eux-mêmes avec leur