Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/147

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le dis, il n’eût pas quitté, pour l’affection de l’amour de Dieu, sa maison, ses parens et sa patrie. Il mena cette même vie, dans la même ville, cinquante années, à ce que l’on rapporte, et mourut en paix et fut enterré dans un bourg voisin, au cimetière des Chrétiens. L’épiscopat fut interrompu pendant trente-sept ans.

2° Litoire, le second évêque, fut sacré la première année de l’empire de Constans [l’an 337]. C’était un citoyen de Tours et d’une haute religion. Il bâtit la première église en la ville de Tours, où il y avait déjà beaucoup de Chrétiens. Il fit aussi, d’une certaine maison de sénateur, la première basilique. De son temps, saint Martin s’éleva pour prêcher dans les Gaules. Litoire fut trente-trois ans en possession de son siège, mourut en paix, et fut enseveli dans la basilique dont je viens de parler, et qui porte aujourd’hui son nom.

3° Le troisième, saint Martin, fut sacré évêque la huitième année de Valens et de Valentinien [l’an 371] ; il était natif de Pannonie, dans la cité de Sabarie[1] xliv. Il construisit, pour l’amour de Dieu, le premier monastère de la ville de Milan, en Italie. Mais, comme il prêchait courageusement la sainte Trinité, il fut battu de verges par les hérétiques, et expulsé d’Italie. Il vint dans les Gaules. Il y convertit beaucoup de païens, renversa leurs temples et leurs idoles, fit beaucoup de miracles parmi le peuple, tellement qu’avant d’être évêque, il ressuscita deux morts. Il n’en ressuscita qu’un seul depuis qu’il fut en possession de l’épiscopat. Il transporta le corps du bienheureux Galien, l’ensevelit près du tombeau de saint Litoire,

  1. Aujourd’hui Sarvar sur le Raab, en Hongrie.