PRÉFACE DE FRÉDÉGAIRE
Je ne sais comment exprimer exactement et par un seul mot le travail auquel je me livre ; et en cherchant à y réussir, je perds en longs efforts le temps déjà si court de la vie. Le mot d’interprète, en effet, qui est celui de notre langue, semble absurde et ne convient nullement ; car si, par nécessité, je change quelque chose à l’ordre des récits, je paraîtrai m’écarter tout-à-fait de l’office d’un interprète. J’ai lu avec grand soin les chroniques de Saint-Jérôme, d’Idace, d’un certain sage, d’Isidore et de Grégoire, depuis l’origine
du monde jusque vers la fin du règne de Gontran ; et j’ai reproduit successivement dans ce petit livre, sans omettre beaucoup de choses, ce que ces savans hommes ont habilement raconté dans leurs cinq chroniques. Dans ce dessein, et pour me bien instruire de la vérité, j’ai commencé par établir exactement la série des temps et des règnes, comme pour servir d’introduction à un autre ouvrage. J’ai mis ensuite dans le style
d’à présent le récit des actions des diverses na-