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DE FRÉDÉGAIRE.

tablette enduite de cire. Warnachaire ayant lu la lettre, vit qu’il courait risque de la vie, et commença à rechercher comment il pourrait se défaire des fils de Théodoric et faire élire Clotaire à leur royaume. Il détacha, par des avis secrets, du parti de Brunehault et des fils de Théodoric, les peuples qui s’y étaient engagés. Revenus ensuite auprès de Brunehault et des fils de Théodoric, ils rentrèrent tous en Bourgogne, s’efforçant, par des messages, de lever une armée dans toute l’Austrasie.

Les seigneurs de la Bourgogne, tant les ëvêques que les autres Leudes, craignant et haïssant Brunehault, tinrent conseil, avec Warnachaire, pour qu’aucun des fils de Théodoric n’échappât, qu’on les tuât tous avec Brunehault, et qu’on donnât leur royaume à Clotaire : ce qui en effet arriva. Par l’ordre de Brunehault et de Sigebert, fils de Théodoric, une armée de Bourguignons et d’Austrasiens marcha contre Clotaire. Sigebert s’étant avancé dans la Champagne, sur le territoire de Châlons-sur-Marne, et vers les bords de l’Aisne, Clotaire vint à sa rencontre avec une armée, ayant déjà avec lui un grand nombre d’Austrasiens du parti de Warnachaire, maire du palais, avec qui il avait déjà traité, ainsi qu’avec le patrice et les ducs Aléthée, Roccon, Sigoald et Eudelan. Au moment où on allait en venir aux mains, et à un certain signal, l’armée de Sigebert prit la fuite pour retourner dans son pays. Clotaire, comme il en était convenu, la poursuivit avec peu d’ardeur, et arriva à la Saône. Il prit trois des fils de Théodoric, Sigebert, Corbus et Mérovée, qu’il avait tenu sur les fonts de baptême ; Childebert échappa par la fuite et