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DE FRÉDÉGAIRE.

refusèrent, comme je l’ai dit, d’obéir aux Huns, et commencèrent à se soulever. Les Wénèdes s’étant avancés contre les Huns le marchand Samonalla avec eux, et sa bravoure fut si grande qu’elle excita l’admiration ; aussi les Wénèdes taillèrent en pièces un nombre étonnant de Huns. Les Wénèdes voyant la bravoure de Samon, le créèrent leur roi, et il les gouverna pendant trente-cinq ans avec bonheur. Sous son règne, les Wénèdes soutinrent contre les Huns plusieurs combats, et par sa prudence et son courage, ils furent toujours vainqueurs. Samon avait douze femmes de la nation des Wénèdes, et il en eut vingt-deux fils et quinze filles.

Cette même année, Adaloald, roi des Lombards et fils du roi Agon, ayant succédé à son père, reçut avec bienveillance un député de l’empereur Maurice, nommé Eusèbe, qui venait vers lui plein de ruse. Frotté dans le bain de je ne sais quel onguent, à la persuasion de cet Eusèbe, en sortant du bain, il ne pouvait faire autre chose que ce à quoi Eusèbe l’engageait. Il se laissa persuader par lui de tuer tous les grands et tous les seigneurs du royaume des Lombards, et, après leur mort, de se livrer lui et toute la nation des Lombards entre les mains de l’empereur Maurice. Lorsqu’il en eut fait mettre douze à mort sans aucun motif, les autres s’aperçurent qu’ils étaient en danger de la vie. Alors tous les grands et les seigneurs lombards, d’un avis unanime, élurent pour roi Charoald[1], duc de Turin, qui avait épousé Gondeberge, sœur du roi Adaloald ; celui-ci mourut empoisonné. Charoald prit aussitôt le royaume. Tason,

  1. En 626.