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CHRONIQUE

tait un homme rempli de douceur et de bonté ; patient et sage, plein d’humilité et de bienveillance envers les évêques, répondant doucement à tous, exempt d’orgueil et d’avidité ; il aima tellement la paix qu’il devint agréable à Dieu. Il était sage, mais surtout d’une extrême bonté, ne s’enrichit que modérément, et fut chéri de tout le monde. Je n’oublierai pas de dire comment, après la mort de Dagobert, ses trésors furent partagés entre ses fils, et l’expliquerai ici.

Après la mort de Dagobert, Pépin, maire du palais, et les autres ducs d’Austrasie qui jusqu’alors avaient été retenus sous son autorité, demandèrent tous ensemble Sigebert pour roi. Pépin et Chunibert, liés auparavant d’une amitié mutuelle, s’unirent de nouveau, s’engageant à s’aimer et se soutenir toujours. Tous deux, attirant vers eux par une habile douceur tous les Leudes d’Austrasie, et les gouvernant avec bonté, gagnèrent leur attachement et surent le conserver. Sigebert envoya des messagers demander à la reine Nantéchilde et au roi Clovis sa part des trésors de Dagobert. On convint de tenir un plaid à cet effet. Chunibert, évêque de Cologne, et Pépin, maire du palais, ainsi que quelques grands d’Austrasie, furent envoyés par Sigebert à Compiègne, où par l’ordre de Nantéchilde et de Clovis et d’après l’avis d’Æga, maire du palais, on apporta le trésor de Dagobert qui fut partagé également : la reine Nantéchilde eut un tiers de tout ce qu’avait amassé Dagobert. Chunibert et Pépin firent conduire à Metz la part de Sigebert ; on la lui présenta et on en dressa le compte. Un an après Pépin mourut, et sa mort fut un sujet de grande douleur pour tous les Austrasiens dont il était aimé, à