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CHRONIQUE

à Ebroin[1] ; ils se soulevèrent contre Théodoric, le chassèrent du trône, lui coupèrent les cheveux, le tondirent, et en firent autant à Ebroin qu’ils reléguèrent malgré lui dans le monastère de Luxeuil en Bourgogne. Ils envoyèrent une députation en Austrasie à Childéric qui, étant venu avec le duc Wulfoald, fut créé roi de tout le royaume.

Childéric était emporté et léger, poussant la nation des Francs dans les séditions, les insultes et les troubles ; tant qu’enfin il s’éleva contre lui une violente haine qui alla jusqu’à la révolte et au meurtre. Comme elle croissait de jour en jour, Childéric fit, contre la loi, attacher à un arbre et frapper de verges un Franc noble nommé Bodilon. À cette vue, saisis d’indignation, les Francs Ingolbert et Amalbert et les autres grands excitèrent une sédition contre Childéric. Bodilon s’arma avec un grand nombre de mécontens, et tua, crime douloureux à rapporter, le roi avec la reine Bilichilde, alors enceinte, dans la forêt de Bondi[2]. Wulfoald échappa par la fuite et retourna en Austrasie. Les Francs, par le conseil de saint Léger et de ses compagnons, élevèrent à la dignité de maire du palais Leudésius fils d’Erchinoald.

Ebroin, informé de ces dissensions, et ayant appris que les Francs étaient en grande discorde, rassembla ses amis et autant de gens qu’il put, et, étant sorti du monastère de Luxeuil, il rentra en France accompagné d’une nombreuse suite de guerriers ; il s’avança

  1. Voir, sur toute l’histoire d’Ébroin, la Vie de saint Léger, évêque d’Autun. Dans le court récit de ce premier continuateur de Frédégaire, elle est pleine de confusion et d’erreurs.
  2. En 673.