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CHRONIQUE

vaincus, prirent la fuite avec leurs partisans : Ebroin les ayant poursuivis ravagea une grande partie de leur pays. Martin étant entré dans Laon se retrancha dans les murs de cette ville. Ebroin qui était à sa poursuite arriva à Acheri dans le pays de Laon ; il envoya à Laon en députation Ægilbert et Reule évêque de Rheims pour séduire Martin par de trompeuses promesses ; car ils prêtèrent, sur des châsses dont les reliques avaient été enlevées, des sermens de nulle valeur. Martin y ayant ajouté foi, sortit de Laon avec ses compagnons et ses partisans, et vint à Acheri où il fut tué avec toute sa suite.

Ebroin opprima les Francs avec une cruauté toujours croissante jusqu’à ce qu’enfin il tendit des embûches à un Franc, nommé Hermanfried, dont il voulait ravir les biens. Hermanfried ayant pris conseil des siens, rassembla pendant la nuit une troupe d’amis, et se jetant sur Ebroin il le tua[1]. Après cette action, il se réfugia avec ses richesses auprès du duc Pépin en Austrasie.

Ensuite les Francs ayant délibéré établirent à la place d’Ebroin, dans la dignité de maire du palais, Waradon, homme illustre. Waradon ayant reçu des otages du duc Pépin, ils conclurent la paix ensemble. Waradon avait un fils, nommé Gislemar, adroit et actif, habile dans le conseil, et qui gouvernait le palais à la place de son père ; par son extrême adresse et ses ruses, il parvint à supplanter son père dans sa propre charge. L’évêque saint Ouen lui faisait sur cette action de fréquens reproches, l’engageant à faire la paix et à réclamer le pardon de son père ; mais il n’y consentit pas et persista dans la dureté de son cœur.

  1. En 681.