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DE FRÉDÉGAIRE.

de montagnes, et ils ravagèrent tout le pays. Le vaillant duc Charles envoya contre eux, avec un grand appareil de guerre, son frère le duc Childebrand, guerrier courageux, avec d’autres ducs et comtes. Promptement arrivés devant la ville d’Avignon, ils dressent leurs tentes, entourent la ville et les faubourgs, assiègent cette cité très-bien fortifiée, et disposent leur armée. Bientôt le duc Charles, arrivant à leur suite, cerne les remparts, asseoit son camp, et presse le siège. Les guerriers se précipitent sur les remparts et les murs des maisons, comme jadis à Jéricho, au bruit des armes et au son des trompettes, bien munis de machines et de cordages, et emportant enfin la ville, ils y mettent le feu, pressent leurs ennemis, les renversent, les égorgent, et les réduisent heureusement en leur pouvoir.

Le brave Charles victorieux passa le Rhône avec son armée, pénétra dans le pays des Goths, s’avança jusque dans la Gaule narbonnaise, et assiégea la célèbre cité de Narbonne, métropole de ce peuple. Il fit construire sur les bords du fleuve de l’Aude un rempart en forme de bélier, et enferma le roi des Sarrasins, nommé Athima[1], avec ses compagnons, et campa tout autour de la ville. À la nouvelle de ce siège, les seigneurs et les princes Sarrasins qui habitaient alors en Espagne, rassemblèrent une armée, à la tête de laquelle se mit un autre roi, nommé Amor[2], et s’avançant armés de machines contre Charles, ils se préparèrent au combat. Le duc Charles alla à leur rencontre sur les bords de la rivière Berre et dans la

  1. Abderraman ou Abdérame, gouverneur de Narbonne.
  2. L’Emir de Cordoue.