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DE FRÉDÉGAIRE.

de Rome et de la basilique de l’apôtre saint Pierre, une députation au prince Charles pour lui offrir les clefs du saint Sépulcre, avec les liens de saint Pierre et des présens nombreux et considérables ; chose qu’on n’avait jamais vue ni entendue en aucun temps. Ils convinrent par un traité que le peuple romain abandonnerait le parti de l’empereur, et que le pape donnerait au prince Charles le consulat de Rome. Le prince fit aux députés des honneurs étonnans et magnifiques, ainsi que des présens d’un grand prix, et envoya à Rome, avec ses serviteurs chargés de riches dons, Grimon, abbé du monastère de Corbie, et Sigebert, moine de la basilique de Saint-Denis.

Le prince Charles ayant pris conseil de ses grands partagea ensuite ses États à ses fils. Il donna donc à son aîné, nommé Carloman, l’Austrasie, la Suavie, qu’on appelle à présent l’Allemagne, et la Thuringe. Il mit son second fils, nommé Pépin, à la tête de la Neustrie et de la Provence[1].

Cette année le duc Pépin ayant levé avec son oncle le duc Childebrand et beaucoup de grands une armée considérable, entra en Bourgogne et s’empara de ce pays. Alors, ce qui est triste et douloureux à rapporter, on vit de nouveaux signes dans le soleil, la lune et les étoiles, et l’ordre sacré de la Pâque fut troublé. Le prince Charles enrichit à Paris la basilique de Saint-Denis d’un grand nombre de présens ; et étant revenu à Quierzy, palais situé sur les bords de l’Oise, il fut attaqué de la fièvre et mourut en paix, après avoir conquis tous les royaumes d’alentour. Après un règne

  1. Griffon, troisième fils de Charles Martel, ne reçut de lui que quelque comtés détachés des royaumes de ses deux frères.