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DE FRÉDÉGAIRE.

les deux armées campèrent sur les bords, et passèrent ainsi quinze jours à se considérer. Pleins de courroux d’être sans cesse provoqués par les moqueries de cette nation, les Francs affrontèrent de cruels périls dans des lieux déserts et des marais par où on n’avait point coutume de passer, et ayant divisé leurs troupes ils se jetèrent sur les Bavarois pendant la nuit et les surprirent à l’improviste. Le combat s’étant engagé, le duc Odilon, voyant son armée taillée en pièces, eut de la peine à se sauver honteusement et avec peu de monde au-delà du fleuve de l’Inn. Après avoir ainsi remporté la victoire, non sans la perte de beaucoup de gens, les deux princes s’en retournèrent victorieux dans leurs pays.

Trois ans s’étant écoulés, les Saxons, peuples voisins de Carloman, se soulevèrent[1] ; il se jeta sur eux avec une armée, et ayant pris ceux dont les habitations touchaient à ses États, il s’empara heureusement, et sans combattre, de leur contrée ; par la protection du Christ un grand nombre d’eux furent baptisés. Dans le même temps, Théodebald, fils du duc Godefroi, s’étant révolté, Pépin, avec sa brave armée, le chassa honteusement des défilés des Vosges, et ayant repris possession de ce duché retourna vainqueur dans son pays.

Les deux frères étant rentrés chez eux, ils furent provoqués par l’esprit turbulent des Gascons, et marchèrent sur la Loire[2] ; ce que voyant, les Gascons demandèrent la paix, et exécutant en toutes choses la volonté de Pépin, obtinrent par leurs prières que, comblé de présens, il s’éloignât de leurs frontières.

  1. En 744.
  2. En 745.