Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/28

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Après cela, Reccared envoya à Gontran et à Childebert une ambassade pour faire la paix avec eux, offrant, comme il affirmait s’être réuni avec eux dans une même foi, de s’unir également à eux par la charité ; mais le roi Gontran repoussa les envoyés, disant : « Quelle fidélité peuvent-ils me promettre, et comment pourrai-je les croire quand ils ont réduit en captivité ma nièce Ingonde, et quand, par leurs embûches, son mari a été mis à mort, et qu’elle-même a péri dans son voyage ? Je ne recevrai point d’ambassade de Reccared jusqu’à ce que Dieu permette que j’aie été vengé de ces ennemis. » Les envoyés, ayant reçu cette réponse, allèrent trouver le roi Childebert, qui les reçut avec des sentiments de paix ; et ils lui dirent : « Ton frère Reccared, notre maître, veut se laver du crime qu’on lui impute, d’avoir été complice de la mort de votre sœur ; il s’en purgera, si tu veux, par serment ou de quelque autre manière qu’il te plaira ; puis il donnera à votre Grâce dix mille sous d’or, et il désire ainsi avoir votre amitié, afin qu’usant de votre secours, et vous du sien, lorsqu’il sera nécessaire, vous y trouviez tous deux votre avantage. » Lorsqu’ils eurent ainsi parlé, le roi Childebert et sa mère promirent de garder avec Reccared une paix et une amitié constantes, et après avoir reçu et fait des présents, les envoyés ajoutèrent : « Notre maître nous a aussi ordonné de transmettre à votre oreille quelques paroles sur votre fille et sœur Clodosinde, afin qu’elle lui soit donnée en mariage, ce qui rendra plus solide la paix promise entre vous. » Le roi et la reine répondirent : « Vous recevrez de nous, sur ce point,