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VIE DE DAGOBERT Ier.

la reine Bertrude, digne, par son habileté et son courage, de succéder à son père. Dans les années de son enfance, il fut remis par son père au vénérable et saint Arnoul, évêque de Metz, pour qu’il l’élevât selon la sagesse, lui montrât les sentiers de la religion chrétienne, et lui servît de gardien et d’instituteur. Lorsque Dagobert eut atteint l’âge de l’adolescence, et s’amusait à la chasse, selon la coutume des Francs, il résolut un certain jour de courre un cerf. Le cerf, aisément lancé, s’efforçait avec l’agilité qui est propre à cet animal, d’échapper aux troupes de chiens qui le poursuivaient, aboyant à l’envi après lui, et il traversait les forêts, les montagnes et les fleuves qui se trouvaient sur son chemin. Vaincu enfin, il s’arrêta au lieu qu’on appelle Catulliac, éloigné d’environ cinq milles de la ville qu’on nomme Lutèce ou Paris. C’était dans cette ville que d’ordinaire les rois des Francs avaient coutume de porter leur sceptre.

En cet endroit, et du temps de Domitien, qui, le second depuis Néron, tourna ses armes contre les Chrétiens, le bienheureux Denis, évêque de Paris, et avec lui Rustique et Eleuthère, l’un prêtre, l’autre diacre, furent mis à mort pour le nom du Christ, à la vue de ladite cité. Une certaine mère de famille, nommée Catulla, et qui donna son nom à ce lieu, les ensevelit en secret, n’osant le faire publiquement. Elle marqua pourtant l’endroit, afin qu’il pût être reconnu de ceux qui viendraient après elle. Ainsi un incomparable trésor, fort long-temps caché en ce lieu, n’avait rien de remarquable, si ce n’est sa renommée. Quelques possessions y avaient été attachées par les rois précédens, à cause des miracles continuels qui