Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/351

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Pendant que se passaient toutes ces choses, après le meurtre de Childéric, après que les évêques et les grands de Neustrie et de Bourgogne, ayant rétabli Théodoric dans son royaume, furent revenus en paix chez eux, les méchants, de leur côté, levèrent une armée, se proposant surtout de perdre l’homme qui, disaient-ils, avait dirigé le roi Childéric. Alors Ébroin, se livrant aux conseils des plus pervers de ses compagnons, chercha de quelle façon il pourrait détruire l’évêque. Deux de ses conseillers, Diddon et Waimer, se faisant les chefs de cet odieux complot, dirent qu’ils réussiraient à l’enlever de sa ville, et à exercer sur lui une vengeance dont serait satisfaite la haine d’Ébroin. Plein de joie de cette réponse, celui-ci leur donna sur-le-champ une nombreuse troupe, et ils marchèrent en toute hâte vers Autun. Léger, l’homme de Dieu, résidait alors dans sa ville, occupé à remettre en ordre les affaires du peuple. Lorsqu’il apprit qu’une armée s’avançait contre lui, il ne consentit pas à fuir de nouveau, et il attendit avec intrépidité le jugement de Dieu. Ses amis, ses fidèles, ses clercs le pressaient de s’en aller, et d’emporter les trésors qu’il avait lui-même amassés, afin qu’à cette nouvelle, ses ennemis renonçassent à attaquer la ville et à le persécuter ; mais il s’y refusa absolument : il les mena sur-le-champ au lieu où étaient les trésors, et leur montrant tout ce qui était là, leur parla de la sorte : « Mes frères, tout ce que vous voyez là, tant que Dieu a permis que je conservasse la faveur des hommes du siècle, je l’ai fidèlement amassé pour l’ornement et la gloire commune de l’église ; maintenant peut-être sont-ils irrités contre moi, parce