Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/355

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ne m’écarterai point de la fidélité que j’ai promise, devant lui, de garder à Théodoric. Je suis résolu à offrir mon corps au glaive plutôt que de souiller mon âme par une honteuse infidélité. »

Lorsque les ennemis eurent entendu ces paroles, ils commencèrent aussitôt à attaquer de toutes parts la ville, en y mettant le feu et en lançant des traits. Alors Léger dit adieu à tous ses frères, communia avec le pain et le vin, raffermit leurs âmes inquiètes, leur recommanda, comme le Christ à ses disciples, la mémoire de sa passion, marcha intrépidement vers les portes, les fit ouvrir, et se présenta tout à coup à ses ennemis pleins de joie. Ils reçurent leur proie comme le loup s’empare d’une innocente brebis. On rapporte qu’il dit alors : Je remercie Dieu tout-puissant qui daigne me glorifier en ce jour. Ses adversaires, inventant le plus odieux traitement, lui arrachèrent les yeux de la tête. On le vit dans ce tourment supporter d’une manière surnaturelle l’extraction par le fer. Plusieurs hommes illustres, alors présens, attestent qu’il ne souffrit point qu’on lui liât les mains, qu’aucun gémissement ne sortit de sa bouche au moment où on lui arracha les yeux, et que, louant Dieu, il continua toujours de chanter les psaumes.

Entre ceux qui se trouvaient là étaient le duc de Champagne, Waimer, qui était venu des frontières d’Austrasie pour exécuter ce crime avec Diddon. Ces deux hommes assignèrent à un certain Bobbon qui avait été chassé de l’évêché de Valence et frappé d’anathème, la ville d’Autun pour la posséder, ou plutôt pour la dévaster. Les citoyens opprimés qui avaient déjà perdu leur pasteur furent contraints de recevoir