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VIE DE PEPIN-LE-VIEUX.

sa principauté, et, la faisant passer à son fils Drogon, retourna vainqueur en Austrasie ; ensuite il fit beaucoup d’autres guerres contre Ratbod, duc payen, et d’autres princes, contre les Suèves et plusieurs autres nations, dans lesquelles guerres il fut toujours vainqueur. Celui qui desirera en être plus complètement instruit doit les chercher écrites plus au long dans les faits et gestes des Francs. Il remit très-honorablement dans son siège Lambert, chassé par la faction de Pharamond.

Ce Pépin laissa pour héritier[1], non seulement de sa dignité, par préférence à ses fils aînés, mais aussi de ses vertus, son fils Charles, guerrier herculéen, chef invaincu et même très-victorieux, qui, dépassant les limites où s’étaient arrêtés ses pères, et ajoutant aux victoires paternelles de plus nobles victoires, triompha honorablement des chefs et des rois, des peuples et des nations barbares, tellement que, depuis les Esclavons et les Frisons jusqu’aux Espagnols et aux Sarrasins, nul de ceux qui s’étaient levés contre lui ne sortit de ses mains que prosterné sous son empire et accablé de son pouvoir. Il vainquit deux fois le roi des Francs, et imposa à la France un roi de son choix, jugeant plus glorieux de dominer ceux qui possédaient les royaumes que de les posséder lui-même. Les Sarrasins, trois de leurs rois vaincus, succombèrent sous lui avec un grand carnage. Vainqueur des Goths, il leur enleva leurs très-fameuses villes de Narbonne et de Bordeaux, brûla les maisons et renversa les murailles jusqu’aux fondemens. Après beaucoup d’autres et insignes victoires que je passe sous

  1. En 714.