Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/43

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empirait dans la ville de Marseille, il convient de détailler plus au long tout ce que cette ville eut à souffrir. En ces jours-là, l’évêque Théodore alla vers le roi pour lui parler contre le patrice Nicet ; mais le roi Childebert n’ayant pas voulu l’entendre, il prit le parti de s’en retourner chez lui. Cependant, un vaisseau d’Espagne, arrivé dans le port pour y faire le commerce accoutumé, apporta avec lui le germe pernicieux de cette maladie ; et, comme il avait négocié avec beaucoup de citoyens, il arriva aussitôt que, dans une maison qui contenait huit habitants, tous périrent par la contagion, en sorte qu’elle demeura vide. Le feu de la contagion ne se répandit pas sur-le-champ dans toutes les maisons, mais demeura interrompu quelque temps ; puis, comme une flamme allumée dans les moissons, il embrasa toute la ville de la fureur de la maladie. Cependant, l’évêque de la ville y arriva, et se tint renfermé dans la basilique de saint Victor, avec un petit nombre de ceux qui l’avaient accompagné. Il implorait, par des veillées et des oraisons, la miséricorde de Dieu sur les calamités de sa ville, afin que, le mal s’apaisant, le peuple pût retrouver quelque repos. La maladie ayant cessé pendant deux mois, le peuple commençait à revenir sans crainte, lorsqu’elle reprit de nouveau, et ceux qui étaient revenus périrent. Beaucoup de bourgs voisins souffrirent ensuite de ce fléau.

Agéric, évêque de Verdun, était malade du chagrin qu’il éprouvait journellement en pensant que Gontran-Boson, pour qui il s’était porté caution, avait été tué, et il ressentait aussi une douleur secrète de ce que Bertfried avait été tué dans l’oratoire