Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/98

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Jean, qui s’en était allé avec sa mère, s’échappa de la maison de Didier et vint en Auvergne. Innocent sollicitait déjà l’évêché de Rodez : Eulalius s’adressa à lui pour recouvrer, par son assistance, les biens qui devaient lui revenir dans le territoire de cette cité ; mais Innocent lui dit : « Si tu me donnes un de tes fils afin que je le fasse clerc et qu’il demeure avec moi pour m’aider, je ferai ce que tu désires. » Il lui envoya le jeune homme nommé Jean, et recouvra ses biens.

L’évêque Innocent ayant reçu ce jeune homme lui tondit la tête et le donna à l’archidiacre de sa cathédrale. Il se voua à une telle abstinence qu’au lieu de froment il mangeait de l’orbe, au lieu de vin buvait de l’eau, et au lieu de cheval se servait d’un âne ; il s’habillait des vêtemens les plus humbles. Les prêtres et les grands du pays s’étant réunis, comme nous l’avons dit, sur les confins du territoire de ladite ville, Eulalius se porta partie contre Tétradie qui fut représentée par Agin. Eulalius redemanda ce qu’elle avait enlevé de sa maison en allant trouver Didier ; il fut décidé que Tétradie restituerait au quadruple ce qu’elle avait emportéxxiii ; les fils qu’elle avait eus de Didier furent déclarés bâtards ; il lui fut accordé, en rendant à Eulalius ce qui était ordonné, de pouvoir revenir en Auvergne et de jouir, sans que personne y trouvât à redire, des biens qu’elle avait de la succession de son frère [père] ; la chose fut exécutée ainsi.

Pendant ce temps-là, les Bretons commirent de grandes cruautés autour des villes de Nantes et de Rennes, et le roi Gontran ordonna de faire marcher contre eux une armée à la tête de laquelle il envoya