Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/106

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de ses mains, et rendit l’âme. Le mort, enlevé de dessus son lit, fut enseveli, et alla prendre possession de l’enfer avec son complice. Voilà le jugement dont le Seigneur frappa en ce monde les prêtres rebelles ; l’un subit la mort d’Arius ; l’autre, comme Simon-le-Magicien, fut, à la prière du saint apôtre, précipité du faîte de son orgueil. Il n’est pas douteux qu’ils furent plongés ensemble dans l’enfer, pour avoir tous deux persécuté de : leur méchanceté leur saint évêque.

Pendant ce temps, comme le nom des Francs avait pénétré dans ce pays, et que tous désiraient qu’ils y portassent leur empire, saint Apruncule, évêque de la ville de Langres, commença à devenir suspect aux Bourguignons[1] lxxii. La haine croissant de jour en jour contre lui, on ordonna de le faire périr en secret par le glaive. Apruncule en ayant eu connaissance, s’échappa pendant la nuit en se glissant le long du mur du château de Dijon, et se rendit en Auvergne où, selon la parole que le Seigneur avait mise dans la bouche de saint Sidoine, il devint le onzième évêque.

Pendant le pontificat de Sidoine, une grande famine désola la Bourgogne. Comme les peuples se dispersaient dans différens pays, et qu’aucun homme ne fournissait de nourriture aux pauvres, on rapporte qu’Ecdicius lxxiii, sénateur et parent de Sidoine, mettant sa confiance en Dieu, fit alors une belle action. Pendant les ravages de la famine, il envoya ses domestiques avec des chevaux et des chars vers les villes voisines, pour qu’ils lui amenassent ceux qui souf-

  1. Les Francs étant les seuls des conquérants de la Gaule qui ne fussent pas Ariens ; le clergé catholique désirait vivement leurs progrès, et sollicitait souvent leurs invasions.