Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/112

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à l’ordre duquel la terre se couvre de plantes, les arbres de fruits et les vignes de raisins ; dont la main a produit le genre humain ; qui a donné enfin à l’homme son ouvrage avec toutes les créatures pour lui obéir et le servir. »

Ces paroles de la reine ne portaient nullement l’esprit du roi à la foi sainte, mais il disait : « C’est par l’ordre de nos dieux que toutes choses sont créées et produites ; il est clair que votre Dieu, ne peut rien ; bien plus, il est prouvé qu’il n’est pas de la race des dieux. » Cependant la reine fidèle présenta son fils au baptême : elle fit décorer l’église de voiles et de tapisseries, pour que cette pompe attirât vers la foi catholique le roi que ses discours n’avaient pu toucher. L’enfant ayant été baptisé et appelé Ingomer, mourut dans la semaine même de son baptême lxxxvii. Le roi, aigri de cette perte, faisait à la reine de vifs reproches, lui disant : « Si l’enfant avait été consacré au nom de mes dieux, il vivrait encore ; mais, comme il a été baptisé au nom de votre Dieu, il n’a pu vivre. » La reine lui répondit : « Je rends grâces au puissant Créateur de toutes choses, qui ne m’a pas jugée indigne de voir associé à son royaume l’enfant né de mon sein. Cette perte n’a pas affecté mon âme de douleur, parce que je sais que les enfants que Dieu retire du monde, quand ils sont encore dans les aubes, sont nourris de sa vue. » Elle engendra ensuite un second fils, qui reçut au baptême le nom de Chlodomir. Cet enfant étant tombé malade, le roi disait : « Il ne peut lui arriver autre chose que ce qui est arrivé à son frère, c’est-à-dire qu’il meure aussitôt après avoir été baptisé au nom