Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/116

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’il pût tuer celui-ci ou le renverser du trône, il lui paierait tous les ans le tribut qu’il voudrait exiger. Clovis y consentit volontiers, et lui promit de lui fournir du secours partout où il en aurait besoin. Au temps marqué, Clovis se mit en marche avec son armée contre Gondebaud[1]. À cette nouvelle, Gondebaud, ignorant la ruse de son frère, fit dire à celui-ci : Viens à mon secours, car les Francs marchent contre nous, et viennent dans notre pays pour s’en emparer : soyons donc d’accord pour repousser une nation ennemie, de peur que, séparés, nous n’éprouvions le même sort que les autres peuples. Celui-ci lui répondit : « J’irai avec mon armée, et je te fournirai du secours. » Les trois armées, c’est-à-dire celle de Clovis contre celles de Gondebaud et de Godégisile, s’étant mises en marche avec tout leur appareil de guerre, elles arrivèrent auprès du fort nommé Dijon. En étant venus aux mains prés la rivière d’Ouche xc, Godégisile se joignit à Clovis, et leurs armées réunies taillèrent en pièces celle de Gondebaud. Celui-ci, voyant la perfidie de son frère qu’il n’avait pas soupçonnée, tourna le dos et prit la fuite. Ayant parcouru les bords du Rhône et les marais qui l’avoisinent, il entra dans la ville d’Avignon. Godégisile ayant donc remporté la victoire, après avoir promis à Clovis quelque partie de ses états, se retira en paix, et entra en triomphe dans Vienne, comme s’il était déjà possesseur de tout le royaume. Clovis, ayant encore augmenté ses forces, se mit à la poursuite de Gondebaud pour l’arracher de la ville et le faire périr. À cette nouvelle, Gondebaud, saisi d’épouvante, craignit

  1. En 500.