Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/138

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rant sa fille Radegonde, il laissa aussi des fils dont nous parlerons dans la suite. Hermanfried avait une femme méchante et cruelle, nommée Amalaberge viii, qui semait la guerre civile entre les frères. Un jour son mari, se rendant au banquet, trouva seulement la moitié de la table couverte, et comme il demandait à sa femme ce que cela voulait dire : « Il convient, dit-elle, que celui qui se contente de la moitié d’un royaume, ait la moitié de sa table vide. » Excité par ces paroles et d’autres semblables, Hermanfried s’éleva contre son frère, et envoya secrètement des messagers au roi Théodoric, pour l’engager à l’attaquer, disant : « Si tu le mets à mort, nous partagerons par moitié ce pays. » Celui-ci, réjoui de ce qu’il entendait, marcha vers Hermanfried avec son armée ; ils s’allièrent en se donnant mutuellement leur foi, et partirent pour la guerre. En étant venus aux mains avec Baderic, ils écrasèrent son armée, le firent tomber sous le glaive, et après la victoire, Théodoric retourna dans ses possessions. Mais ensuite Hermanfried, oubliant sa foi, négligea d’accomplir ce qu’il avait promis au roi Théodoric, de sorte qu’il s’éleva entre eux une grande inimitié.

Gondebaud étant mort, son fils Sigismond fut mis en possession de son royaume[1] [en 517], et édifia avec une soigneuse industrie le monastère de Saint-Maurice[2] ix, où il construisit des bâtiments d’habitation et une basilique. Après avoir perdu sa première femme, fille de Théodoric, roi d’Italie, dont il avait eu un fils

  1. En 517.
  2. Monasterium Agaunense, dans le diocèse de Sion en Valais, au pied du Saint-Bernard.