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LIVRE QUATRIÈME


La reine Clotilde, pleine de jours et riche en bonnes œuvres, mourut à Tours, du temps de l’évêque Injuriosus[1] ; elle fût transportée à Paris, suivie d’un chœur nombreux qui chantait des cantiques sacrés, et ensevelie par ses fils, les rois Childebert et Clotaire, dans le sanctuaire de la basilique de saint Pierre, à côté du roi Clovis. Elle avait construit cette basilique où est ensevelie aussi la bienheureuse Geneviève.

Le roi Clotaire avait ordonné tout récemment que toutes les églises de son royaume paieraient au fisc le tiers de leurs revenus. Tous les évêques ayant bien contre leur gré, consenti et souscrit ce décret, le bienheureux Injuriosus, s’en indignant, refusa courageusement de le souscrire, et il disait : « Si tu veux ravir les biens de Dieu, le Seigneur te ravira promptement ton royaume ; car il est injuste que tu remplisses tes greniers de la récolte des pauvres que tu devrais nourrir de tes propres greniers ; » et irrité contre le roi, il se retira sans même lui dire adieu. Alors le roi, troublé et craignant la puissance de saint Martin, fit courir après lui avec des présents, lui demandant pardon, condamnant ce qu’il avait fait, et le suppliant d’invoquer en sa faveur la puissance du saint évêque Martin.

  1. Vers 545.