Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/179

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tercession des prières de saint Gal, il n’approcha pas de la cité d’Auvergne [Civitatem Arvernam]. Ce n’est pas, je pense, une petite grâce pour un pasteur que d’avoir mérité que la protection du Seigneur mît ainsi ses brebis à couvert. Saint Gal étant mort fût transporté dans l’église ; aussitôt le prêtre Caton reçut les compliments des clercs sur son élévation à l’épiscopat ; et comme s’il eût déjà été évêque, il s’empara de tous les biens de l’Église, changea les administrations, et régla toutes choses de sa propre autorité.

Les évêques qui étaient venus pour ensevelir saint Gal, après la cérémonie, dirent au prêtre Caton : « Nous voyons que la plus grande partie du peuple t’a choisi ; viens, concerte-toi avec nous, nous te bénirons et te consacrerons pour l’épiscopat. Le roi est enfant ; si on t’impute quelque tort, nous prendrons ta défense ; nous traiterons avec les grands du roi Théodebald pour qu’on ne te fasse aucune injure ; et quand même tu essuierais quelque perte, compte sur nous, nous te servirons de caution, et t’indemniserons sur nos propres biens. » Mais Caton enflé d’une vaine gloire, leur dit : « Vous avez su par la renommée que, dès mon jeune âge, j’ai toujours vécu religieusement, jeûnant, me plaisant aux aumônes, me livrant à des veilles continuelles, et passant bien souvent les nuits à chanter les louanges du Seigneur. Le Seigneur mon Dieu, que j’ai servi si assidûment, ne souffrira pas que l’ordination régulière me manque. J’ai acquis, selon l’institution canonique, les divers ordres de cléricature ; j’ai été lecteur pendant dix ans, j’ai servi cinq ans comme sous-diacre, quinze ans comme diacre, et je suis