Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/187

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qui, demeuré sur le bord du sépulcre, en soulevait la couverture. Alors, le remuant un peu, il s’aperçut qu’avec l’aide de Dieu, il ébranlait la pierre. Lorsqu’il l’eut assez écartée pour pouvoir passer la tête, il fit bientôt une ouverture assez large pour donner passage à tout son corps. Cependant les ténèbres de la nuit commençant à couvrir le jour, mais sans être encore entièrement répandues, il chercha l’autre porte du souterrain. Elle était étroitement fermée par des serrures et des clefs très fortes ; mais comme elle n’était pas si bien jointe qu’il ne pût voir à travers les planches, il approcha sa tête de cette ouverture, et vit un homme qui passait : il l’appela, quoique à voix basse. Celui-ci l’entendit ; et comme il tenait une hache, il coupa les barres de bois auxquelles tenaient les serrures, et ouvrit au prêtre. La nuit étant survenue, le prêtre retourna à sa maison, priant cet homme de ne parler de lui à personne. Étant donc rentré dans sa maison, et ayant pris les chartes qu’il tenait, comme je l’ai dit, de la reine, il s’adressa au roi Clotaire, et lui apprit comment son évêque l’avait condamné à être enseveli vivant. Tout le monde fut saisi d’un grand étonnement, et l’on disait que Néron ni Hérode n’avaient jamais commis un forfait pareil à celui d’enfermer dans le tombeau un homme vivant. L’évêque Cautin vint trouver le roi Clotaire ; mais, accusé par le prêtre, il s’en retourna vaincu et humilié. Le prêtre ayant reçu du roi la confirmation de sa propriété, fit enceindre ses biens comme il lui plut, les conserva, et les laissa à ses enfants. Cautin n’avait en soi rien de saint, ni qui méritât l’estime ; car il était entièrement dépourvu de toute connais-