Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/199

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haut du ciel, et juge ma cause, car je souffre injustement de la part de mon fils ; regarde et juge avec justice, et prononce ici l’arrêt que tu prononças autrefois entre Absalon et son père David. » Les deux armées en étant donc venues aux mains, le comte des Bretons tourna le dos, et fut tué. Après quoi, Chramne commença à fuir vers les vaisseaux qu’il avait préparés sur la mer ; mais, tandis qu’il s’occupait à sauver sa femme et ses filles, il fut atteint par l’armée de son père, pris et lié ; et lorsqu’on eut annoncé la chose à Clotaire, il ordonna qu’il fût brûlé avec sa femme et ses filles : on les enferma donc dans la cabane d’un pauvre homme, où Chramne, étendu sur un banc, fut étranglé avec un mouchoir, et ensuite on mit le feu à la cabane, et il périt avec sa femme et ses filles [en 560, Chron. de Marius].

Le roi Clotaire vint à Tours dans la cinquante et unième année de son règne, apportant beaucoup de présents au tombeau du bienheureux Martin ; et lorsqu’il fut arrivé au tombeau de cet évêque, il se mit à repasser dans son esprit toutes les négligences qu’il pouvait avoir commises, et à prier avec de grands gémissements le bienheureux confesseur d’implorer sur ses fautes la miséricorde de Dieu, et d’obtenir par son intercession qu’il fût lavé de ce qu’il avait fait de contraire à la sagesse ; ensuite, s’en étant allé, comme il était, durant la cinquante et unième année de son règne, dans la forêt de Cuise [la forêt de Compiègne], occupé à la chasse, il fut saisi de la fièvre, et se rendit à Compiègne. Là, cruellement tourmenté de la fièvre, il disait : « Hélas ! qui pensez-vous que soit ce roi du ciel qui fait mourir ainsi de si puissants rois ? » Et il