Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/201

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debert, fils du roi Chilpéric, il le prit et l’envoya en exil ; puis, il marcha contre Chilpéric, lui livra un combat, le vainquit, le mit en fuite, et rentra en possession de ses villes. Il ordonna que, pendant une année entière, Théodebert, fils de Chilpéric, demeurât enfermé à Ponthion[1] xxiv ; mais ensuite, comme il était clément, il le renvoya à son frère, sain et sauf, et chargé de présents, en lui faisant prêter serment de ne pas agir désormais contre lui ; à quoi Théodebert manqua ensuite avec grand péché.

Le roi Gontran qui avait eu ainsi que ses frères une partie du royaume, ôta à Agricola la dignité de patrice xxv et la donna à Celse [Clesus], homme de haute taille, large des épaules, robuste de poignet, superbe dans ses paroles, prompt à la réplique et versé dans les lois. Il fut par la suite saisi d’une telle avidité de s’enrichir qu’il s’empara souvent des propriétés des églises et les réunit à ses domaines. On rapporte qu’entendant un jour lire dans l’église cette leçon du prophète Isaïe, dans laquelle il dit : « Malheur à vous qui joignez des maisons à des maisons, et qui ajoutez terres à terres jusqu’à ce qu’enfin le lieu vous manque[2] ! [Isaïe, 5, 8] » il s’écria : « Il est bien insolent de dire ici : malheur à moi et à mon fils. » Mais il laissa un fils qui, mort sans enfants, légua la plus grande partie de ses biens aux églises que son père avait dépouillées.

Le bon roi Gontran fit d’abord entrer dans son lit, comme concubine, Vénérande, une de ses servantes, dont il eut un fils nommé Gondebaud. Il prit ensuite en mariage Marcatrude, fille de Magnaire,

  1. Domaine royal dans le Perthois, non loin de Vitry le Brûlé (Marne).
  2. Isaïe, chap. 5, v. 8.