Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/212

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Ainsi mourut le prêtre Caton ; car tandis que beaucoup fuyaient la contagion, il demeura constamment dans le pays, ensevelissant les morts, et faisant courageusement les prières. Ce fut un prêtre d’une grande humanité et très ami des pauvres, et s’il a eu quelque orgueil, je crois que cette vertu l’a suffisamment racheté. L’évêque Cautin qui courait de lieux en lieux par crainte de la peste, étant revenu à la ville, la prit, et mourut la veille du dimanche de la Passion. Tétradius, son cousin germain, mourut à la même heure. Lyon, Bourges, Chalons et Dijon, furent extrêmement dépeuplés par cette maladie.

Il y avait alors à Randan [petite ville d’Auvergne], monastère de la cité d’Auvergne, un prêtre d’une éminente vertu, nommé Julien, homme d’une grande abstinence, qui n’usait ni de vin, ni d’aucun ragoût, portant en tout temps un cilice sous sa tunique, le premier aux veilles et assidu à l’oraison, qui, sans peine, guérissait les possédés, rendait la vue aux aveugles, et chassait les autres maladies par l’invocation du saint nom de Dieu et le signe de la sainte croix. À force de demeurer debout, il avait les pieds malades d’une humeur ; et, comme on lui demandait pourquoi il demeurait ainsi debout, plus que ne le permettait la force de son corps, il avait coutume de dire par un jeu d’esprit : « Mes jambes me font besoin, et tant que la vie accompagnera mon corps, par la bonté de Dieu, leur support ne me manquera pas. » Nous l’avons vu une fois dans la basilique de saint Julien, martyr, guérir un possédé seulement par ses paroles ; il guérissait aussi souvent, par l’oraison, des fièvres quartes et