Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/232

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l’ayant amené en secret auprès de l’autel, lui fit jurer et dire : « Par ce saint lieu et par les reliques de ces saints martyrs, si je ne te donne pas ma fille en mariage, je te paierai sans délai seize mille sols d’or. » Il avait placé dans la sacristie des témoins cachés qui entendaient ces paroles, mais ne voyaient nullement celui qui les prononçait. Ensuite Andarchius, ayant apaisé Ursus par de bonnes paroles, fit si bien que celui-ci revint dans son pays sans avoir paru devant le roi. Après son départ, Andarchius produisit devant le roi l’écrit dans lequel était contenu le serment qu’il avait fait prêter, disant : « Ursus a écrit en ma faveur telle et telle chose ; je supplie donc votre Gloire de donner l’ordre lviii qu’il m’accorde sa fille en mariage ; autrement j’ai droit de me mettre en possession de ses biens, jusqu’à ce que, payé de seize mille sols d’or, je me désiste de cette affaire. » Il revint donc en Auvergne muni des ordres du roi, et les montra au juge. Ursus se retira dans le territoire du Velay ; ses biens furent consignés entre les mains d’Andarchius, qui se rendit aussi dans le Velay. Étant arrivé à une des maisons d’Ursus, il ordonna qu’on lui préparât à souper et qu’on lui fit chauffer de l’eau pour se laver ; mais, comme les serviteurs n’obéissaient point à ce nouveau maître, il frappa les uns avec des bâtons, les autres à coups de verges ; quelques-uns furent frappés à la tête au point que le sang en jaillit. Toute la maison mise ainsi en désarroi, on prépara le souper. Andarchius se lava dans l’eau chaude, s’enivra de vin et se coucha sur un lit ; il n’avait avec lui que sept domestiques. Tandis qu’ils dormaient profondément, non moins appesantis par le sommeil que par le