Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/261

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La seconde année du règne de Childebert [en 577], Mérovée, voyant son père arrêté à ce dessein, songea à prendre avec lui le duc Gontran et à aller trouver Brunehault, disant : « Ne plaise à Dieu que la basilique de monseigneur Martin soit violée à cause de moi, ou que le pays, à cause de moi, soit réduit en captivité. » Et étant entré dans la basilique pendant les Vigiles, il offrit au sépulcre de saint Martin tout ce qu’il avait avec lui, priant ce saint de le secourir et de lui accorder sa protection, afin qu’il pût se mettre en possession du royaume. Le comte Leudaste qui, pour l’amour de Frédégonde[1] xxxii, lui tendait beaucoup d’embûches, tua plusieurs de ses serviteurs qu’il avait attirés dans le piège tandis qu’ils étaient hors de la basilique, et il cherchait à le tuer lui-même, s’il en pouvait trouver l’occasion favorable ; mais lui, par le conseil de Gontran et désirant se venger, ordonna qu’on saisît Mariléïphe [Marileif], premier médecin du roi, et qui revenait d’auprès de lui. Il le fit battre cruellement, le dépouilla de son or, de son argent, et de tout ce qu’il avait, et le laissa entièrement nu. Il l’aurait tué si Mariléïphe ne s’était échappé des mains de ceux qui le frappaient, et ne se fût sauvé dans la cathédrale xxxiii. Après lui avoir redonné des vêtements et obtenu sa vie, nous le renvoyâmes à Poitiers. Mérovée racontait beaucoup de crimes de son père et de sa belle-mère, et bien qu’ils fussent vrais en partie, je ne crois pas qu’il fût agréable à Dieu qu’ils fussent divulgués par un fils. En effet, je le connus bien par la suite ; car un jour que j’avais été invité à sa

  1. Leudaste était comte de Tours.