Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/285

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étant tombée dans le vase à demi plein, il se trouva aussitôt rempli ; on le vida de même deux ou trois fois, et de même une seule goutte le remplit. On ne saurait douter que cela ne fût opéré par les mérites de saint Martin.

Après cela Samson, le plus jeune des fils du roi Chilpéric, pris de la fièvre et de la dysenterie, sortit de la vie de ce monde. Il était né tandis que le roi Chilpéric était à Tournai, assiégé par son frère [Livre IV]. Sa mère, saisie de la crainte d’une mort prochaine, le rejeta alors loin d’elle, et voulut le faire perdre ; mais elle ne le put, et le roi l’en ayant réprimandée, elle ordonna qu’il fût baptisé. L’évêque [Chrasmar, évêque de Tournai], l’ayant baptisé, le prit avec lui ; mais il mourut avant d’avoir accompli un lustre. En ces jours-là, sa mère Frédégonde fut brièvement malade, mais elle guérit.

Ensuite, la nuit du troisième jour des ides de novembre lxiv, tandis que nous célébrions les Vigiles de saint Martin, il nous apparut un grand prodige : on vit au milieu de la lune briller une étoile flamboyante, et proche de la lune, au-dessus et au-dessous, apparurent d’autres étoiles. On la vit entourée du cercle qui souvent annonce la pluie ; mais nous ignorons ce que signifiaient ces choses. Plusieurs fois durant cette année nous vîmes la lune devenir obscure, et, avant le jour de la naissance du Seigneur, on entendit de grands tonnerres. Il parut aussi autour du soleil des lueurs semblables à celles qui, comme nous l’avons rapporté, avaient été vues avant la mortalité d’Auvergne [Livre IV], et que les paysans appellent des soleils. On dit que la mer s’éleva beaucoup plus que de coutume, et il apparut beaucoup d’autres signes.