Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/302

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le préfet impérial qui attaquait alors l’Espagne. Leuvigild lui envoya des messagers pour lui dire : « Viens à moi, car il est nécessaire que nous conférions ensemble. » Mais lui répondit : « Je n’irai point, car tu es irrité contre moi parce que je suis catholique. » Le roi, ayant donné au préfet de l’empereur trente mille sous d’or pour qu’il retirât ses secours à son fils, marcha contre lui avec une armée. Herménegild, ayant réclamé l’aide des Grecs, sortit pour aller contre son père, laissant sa femme dans la ville. Leuvigild s’étant avancé contre lui, il fut abandonné de ses auxiliaires, et voyant qu’il ne pouvait vaincre, se réfugia dans une église voisine, disant : « Que mon père ne marche pas sur moi, car il n’est pas permis à un père de tuer son fils, à un fils de tuer son père. » Leuvigild l’ayant su, lui envoya son frère [Récared], qui lui fît serment que son père ne le dépouillerait pas de ses dignités, et lui dit : « Viens toi-même te prosterner aux pieds de notre père, et il te pardonnera tout. » Mais lui demanda que son père vînt lui-même le chercher ; et, quand il fut venu, se prosterna à ses pieds. Le roi le prit et l’embrassa, et, le flattant par de douces paroles, l’emmena dans son camp ; et alors, oubliant son serment, il fit un signe aux siens, qui, l’ayant pris, le dépouillèrent de ses vêtements et le vêtirent d’habits ignobles ; et de retour à Tolède, le roi lui ôta ses serviteurs ; il l’envoya en exil sans autre personne qu’un enfant pour le servir xcii.

Chilpéric, après la mort de ses fils, rempli de tristesse, résidait au mois d’octobre avec sa femme dans la forêt de Villers-Cotterets. Alors, par les in-