Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/320

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en danger de périr. Voilà qu’à l’instigation de Leudaste, j’ai dit ce que je ne devais pas dire ; envoie-moi donc en d’autres royaumes, car si tu ne le fais pas, je serai pris par les gens du roi, et livré aux derniers supplices. » Je lui dis : « Si tu as dit quelque chose qui ne convenait pas, que tes paroles retombent sur ta tête, car je ne te renverrai pas dans un autre royaume, de peur de devenir suspect au roi. » Ensuite Leudaste se porta son accusateur, disant que le sous-diacre Riculphe avait entendu les discours dont j’ai parlé. Celui-ci fut donc chargé de liens et Leudaste relâché ; on se contenta de le garder, et il disait que Gallien et l’archidiacre Platon avaient été présents le jour ou l’évêque avait parlé ainsi. Mais Riculphe le prêtre cvi, qui avait déjà reçu de Leudaste la promesse de l’épiscopat, en était tellement enflé qu’il égalait en orgueil Simon le magicien. Il m’avait fait serment trois fois ou plus, sur le tombeau de saint Martin ; et cependant le sixième jour de Pâques, il m’accabla de tant d’injures et d’outrages qu’à grand’peine put-il se retenir de porter les mains sur moi, tant il se confiait dans les piéges qu’il m’avait apprêtés. Le lendemain, c’est-à-dire le samedi de Pâques, Leudaste vint dans la ville de Tours, feignant de s’y rendre pour d’autres affaires, et s’étant saisi de Gallien et de l’archidiacre Platon, il les fit charger de fers et ordonna qu’il fussent conduits à la reine enchaînés et dépouillés de leur vêtement. Lorsque j’appris ces choses, j’étais, triste de cœur, dans la maison épiscopale ; j’entrai plein de trouble dans mon oratoire, j’y pris le livre des psaumes de David afin de trouver en l’ouvrant quelque verset qui m’ap-