Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/325

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culphe qui, déjà du temps du bienheureux évêque Euphronius, était ami de Clovis, aurait demandé l’évêché de Tours, et l’archidiaconat avait été promis à Riculphe le clerc. Revenu à Tours par la grâce de Dieu, nous y trouvâmes l’église mise en grand désordre par Riculphe le prêtre. Tiré sous l’évêque Euphronius de la classe des pauvres cxii, il avait été ordonné archidiacre ; de là élevé à la prêtrise, il revint à son naturel cxiii : toujours hautain, bouffi d’orgueil, présomptueux. Tandis que j’étais avec le roi, il entra impudemment dans la maison épiscopale, comme s’il eût été déjà évêque ; il fit l’inventaire de l’argenterie de l’église, s’empara de tout le reste, fit des présents aux principaux clercs, leur distribua des vignes, des prés ; aux moindres il donna de sa propre main des coups de bâton, et leur fit souffrir beaucoup de maux, leur disant : « Reconnaissez votre maître qui a obtenu la victoire sur ses ennemis, et par son esprit a nettoyé la ville de Tours des natifs de l’Auvergne. » Il ne savait pas, ce misérable, qu’excepté cinq, tous les évêques qui avaient occupé le siège de Tours, étaient alliés de parenté à notre famille ; il avait coutume de dire à ses familiers qu’un homme prudent ne peut être trompé que par des parjures. Comme, à mon retour, il continua à me témoigner du mépris et ne vint pas me saluer comme le firent les autres citoyens, mais qu’il menaçait encore plus haut de me tuer, j’ordonnai, d’accord avec le conseil provincial, qu’il fût envoyé dans un monastère. Tandis qu’il y était étroitement renfermé, il survint des gens envoyés par l’évêque Félix qui avait été un des fauteurs du procès dont je viens de parler ; et l’abbé s’étant laissé tromper par des parjures, Ri-