Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/359

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Après, que le roi Chilpéric eut mis au tombeau beaucoup d’enfants, il lui naquit un fils[1]. Le roi, en réjouissance, ordonna de mettre en liberté tous ceux qui étaient gardés, de délivrer de leurs liens ceux qui étaient enchaînés, et de ne point exiger les sommes qu’on avait négligé de payer à son fisc ; mais cet enfant donna lieu par la suite à une grande perfidie.

La guerre recommença contre l’évêque Théodore. Gondovald, qui se disait fils du roi Clotaire, était arrivé à Marseille venant de Constantinople. Il faut ici exposer en peu de mots quelle était son origine. Né dans les Gaules, il avait été élevé avec soin, instruit dans les lettres, et, selon la coutume des rois de ce pays, portait les boucles de ses cheveux flottantes sur ses épaules ; il fut présenté au roi Childebert [l’ancien, frère de Clotaire] par sa mère, qui lui dit : « Voilà ton neveu, le fils du roi Clotaire : comme son père le hait, prends-le avec toi, car il est de ta chair. » Celui-ci qui n’avait pas de fils le prit et le garda avec lui. Cette nouvelle ayant été annoncée au roi Clotaire, il envoya des messagers à son frère, pour lui dire : « Envoie ce jeune homme pour qu’il vienne vers moi[2] liii. » Son frère le lui envoya sans retard. Clotaire l’ayant vu ordonna qu’on lui coupât la chevelure, disant : « Il n’est pas né de moi. » Après la mort de Clotaire, le roi Charibert le reçut ; mais Sigebert l’ayant fait venir, coupa de nouveau sa chevelure et l’envoya dans la ville

  1. En 582.
  2. Il parait certain que Gondovald était bien réellement le fils de Clotaire qui l’avait eu d’une femme de condition très inférieure, et l’avait renié ensuite à cause de quelques soupçons sur la conduite de sa mère.